De l’avion, la vue plonge sur un paysage de montagnes stériles et de plaines de sable et de cailloux: un pays vide ? Redescendons sur terre; ces espaces apparemment déserts abritent les témoins de civilisations anciennes, des trésors d’art innombrables, mais aussi des lieux de vie où la culture se réinvente tous les jours. Le patrimoine iranien accumulé de siècle en siècle, au travers des orages de l’Histoire, est loin d’être la morne répétition d’un passé figé.
Certes, le voyageur actuel admire à juste titre le site splendide de Persépolis, l’ancienne résidence royale des Achéménides, ou les coupoles bleues d’Ispahan, – un éclat d’amour, disait un homme d’État indien en visite –, il ne peut cependant qu’être frappé par les créations des artistes iraniens d’aujourd’hui dans un contexte moral et politique difficile.
L’Iran, lors des séjours que nous y avons effectués dès les années 1960 et où nous sommes revenus à maintes reprises, portait bien sûr témoignage du passé mais déjà apparaissaient les promesses de renouveau culturel dans la littérature, dans les arts graphiques souvent inspirés par la calligraphie et dans l’artisanat, la céramique par exemple, où la fidélité aux traditions ne signifiait nullement une incapacité d’évoluer.
Aujourd’hui, ces promesses se concrétisent dans la peinture, la littérature, l’architecture, le cinéma, la photographie, ainsi que dans la musique, le théâtre et la mode. Et n’oublions pas la cuisine iranienne, si raffinée, une des plus goûteuses au monde.
Voilà ce que nous offre cette culture, nourrie d’échanges avec d’autres cultures, dont l’occidentale, par-delà les aléas du cours du pétrole, la question du nucléaire et les ombres d’une présence politique de plus en plus affirmée au Proche Orient.
À partir d’une production cinématographique admirée dans le monde entier, le Printemps culturel iranien programme également une série de films pour enfants, films dans lesquels les cinéastes iraniens excellent, et où les femmes, comme dans d’autres domaines, jouent un rôle majeur.
Le Printemps culturel iranien à Neuchâtel et à La Chaux-de-Fonds est non seulement l’occasion d’un dépaysement mais aussi d’un accès à d’autres facettes de l’universel.
Pierre Centlivres
Micheline Centlivres-Demont